POINT DE VUE. Pêche : transparence et traçabilité en France

POINT DE VUE. Pêche : transparence et traçabilité en France

“L’océan a toujours fait partie de ma vie. Mon grand-père, Jacques-Yves Cousteau m’a initiée à la plongée sous-marine lorsque j’avais sept ans. Au cours de ma vie, j’ai été témoin de la perte d’une grande partie de la biodiversité dans les mers françaises, provoquée principalement par l’augmentation spectaculaire de la surpêche”, assure Alexandra Cousteau.

L’océan a toujours fait partie de ma vie. J’ai découvert ses splendeurs merveilleuses dès mon enfance. J’ai appris à nager avant de savoir marcher et mon grand-père, Jacques-Yves Cousteau, m’a initiée à la plongée sous-marine lorsque j’avais sept ans. Il m’a montré l’infinie vitalité de la vie marine.

Au cours de ma vie, j’ai été témoin de la perte d’une grande partie de la biodiversité dans les mers françaises, provoquée principalement par l’augmentation spectaculaire de la surpêche, la mort dans les filets de pêche d’espèces emblématiques telles que les dauphins, et l’utilisation répétée et abusive de techniques de pêche qui détruisent les fonds marins. Cette façon de pêcher ne rend pas justice à la valeur culturelle et historique que nous accordons à nos pêcheurs et à leurs communautés. Elle n’est pas non plus représentative de l’ensemble des pêcheurs français, dont beaucoup exercent leur métier dans le respect de l’océan.

Au début de l’année, lors d’un sommet sur le climat, le président Emmanuel Macron a prononcé un discours dans lequel il déclarait que : “Si nous voulons réussir sur le défi climatique, nous devons accélérer sur la protection de la biodiversité“. Pourtant, les actions de ses ministres en matière de politiques de pêche contrastent fortement avec ce principe de conservation de base.

Tracer le poisson de la mer à l’assiette

Aujourd’hui, notre gouvernement propose de récompenser les comportements malhonnêtes et contraires à l’éthique en autorisant la sous-déclaration des captures de poissons et des produits de la mer, qui présentent un risque élevé d’être pêchés illégalement pour arriver dans nos assiettes. Au lieu de privilégier la transparence ou d’exiger que le poisson soit tracé “de la mer à l’assiette“, le gouvernement français plaide pour que l’Union Européenne (UE) allège les règles de déclaration des captures et autorise l’entrée en France de produits de la mer non tracés. Certains produits importés peuvent ne pas avoir été pêchés conformément aux normes françaises en matière de durabilité et dans le respect des droits humains.

Dans le cadre de la révision du système européen de contrôle des pêcheries, l’UE demande aujourd’hui à la France et aux autres États membres de veiller à ce que la pêche soit légale et transparente et de contribuer à une meilleure gestion et à une protection renforcée de l’océan. Cependant, l’administration française pense différemment. Au lieu de défendre notre océan, le gouvernement propose de maintenir les failles existantes dans les lois actuelles sur la pêche – voire de les alléger.

Pas de traçage dans les produits transformés

Dans le premier cas, nous avons le droit, en tant que citoyens, de savoir quel poisson nous consommons et comment il a été pêché, et de pouvoir choisir de ne pas acheter de produits issus d’une pêche non durable. Si le poisson frais doit être tracé dès sa capture, cela n’est actuellement pas le cas des produits transformés de la mer. En effet, alors que les informations sur les produits tels que les filets de cabillaud sont obligatoires, nous n’avons pas accès à celles qui concernent les produits transformés tels que les conserves de thon ou les bâtonnets de poisson. Cela signifie que même en ayant la ferme intention de manger de manière durable, nous pourrions en réalité acheter des produits issus de la pêche illégale.

Dans le deuxième domaine, la France cherche à alléger les règles relatives à la déclaration des captures, ce qui pourrait conduire à la non-déclaration de grandes quantités de captures européennes dans les registres officiels. En l’absence d’informations précises, les scientifiques ne peuvent pas évaluer l’état des stocks de poissons et les pêcheries ne peuvent pas être surveillées ou contrôlées correctement. Les sous-déclarations de captures peuvent également entraîner des conséquences très graves sur les espèces surexploitées et compromettent la sécurité alimentaire des pays en développement. La Commission européenne a récemment reproché à la France de ne pas contrôler sa flotte de pêche internationale et de ne pas déclarer correctement ses captures. Au lieu de s’attaquer au problème en veillant à ce que les navires de pêche français respectent les règles, le gouvernement veut légaliser la déclaration frauduleuse des captures.

Après de nombreuses années de gestion inadéquate des pêcheries et de mauvaise gouvernance des océans, l’heure tourne et le temps presse pour rétablir l’abondance de nos océans. Joignez-vous à moi et exercez votre droit de consommer durablement en demandant à Annick Girardin, ministre française de la Mer, de soutenir la traçabilité des produits de la mer frais et transformés, et d’exiger que tous les poissons pêchés soient comptabilisés.

Mon grand-père a permis à de nombreuses personnes dans le monde entier de découvrir la mer et sa beauté, et n’a cessé de nous rappeler combien il est important de prendre soin de notre planète. Aujourd’hui, nos enfants s’élèvent contre la même destruction environnementale que celle contre laquelle mon grand-père se battait. Ce transfert de responsabilité d’une génération à l’autre doit cesser : c’est au gouvernement français d’agir dès maintenant pour protéger la richesse de l’océan pour les générations à venir.

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